Les Coptes

Par Malak EL JAHED

Les Coptes sont une communauté chrétienne se trouvant majoritairement en Egypte, pays dont ils représentent entre 6 et 10% de la population. On compte actuellement environ une dizaine de millions de Coptes, ce qui en fait la communauté chrétienne la plus nombreuse du Proche-Orient arabe.

Les Coptes occupent une place importante au sein de la société égyptienne, et ce dans plusieurs domaines. Dans le domaine historique et architectural, plusieurs monuments et édifices font partie de l’héritage copte. L’un des plus importants est l’église suspendue, lieu sacré pour la communauté Copte, de par son histoire et sa portée symbolique.
Sur le plan intellectuel, plusieurs personnalités Coptes ont occupé des postes importants, se démarquant ainsi tant à l’échelle nationale qu’internationale. Ce fut notamment le cas de Boutros Boutros-Ghali, qui fut le sixième secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies de janvier 1992 à décembre 1996, et le premier secrétaire général de la Francophonie de novembre 1997 à décembre 2002.

Au sein de la communauté copte, nous trouvons les Coptes Orthodoxes, majoritaires avec à leur tête le patriarche Tawadros II, et les Coptes catholiques, qui font partie des Eglises de rite oriental de l’Eglise catholique, avec à leur tête le patriarche Ibrahim Isaac Sidrak. Nous trouvons également l’Eglise évangélique copte, comptant plus de 100 000 membres, ce qui en fait la plus importante communauté protestante du Proche-Orient.

Les Coptes se considèrent comme les héritiers du peuple et de la civilisation des Pharaons, puis du monde des Ptolémées issu des conquêtes d’Alexandre. Ceci se manifeste de plusieurs façons, notamment à travers la langue copte, descendant de l’égyptien ancien et utilisée notamment lors des messes (prières du Credo, le Notre père…). De plus, le nom même de « Copte » tient ses racines du grec ancien « Aiguptios », qui signifie « égyptien ».

Sur le plan religieux, les Coptes se rattachent à l’Eglise d’Alexandrie de l’évangéliste Marc. Connue pour être l’une des églises les plus anciennes, elle dispose de son propre rite, appelé rite copte ou encore rite alexandrin.
L’Eglise copte n’émerge vraiment qu’à partir du Ve siècle, après 451, à la suite du rejet du conseil de Chalcédoine par le clergé local et de son adoption du monophysisme, qui privilégie dans le Christ la nature divine. En 640, les Coptes sont confrontés à l’arrivée des arabes en Egypte, qui prennent le contrôle du pays. Après une période de cohabitation, ces derniers mettent en place la dhimmitude qui est un régime juridique conférant un statut inférieur aux Chrétiens.

Les Coptes ont ensuite été confrontés à une forte répression, allant du VIe siècle au XIXe siècle, des Fatimides aux Ottomans. Cette période a en effet été marquée par la politique d’extermination promue par le Calife Al-Hakim bi-Amr Allah, entre 1009 et 1021, ainsi qu’une vague de persécutions sous les Mamelouks, au moment des croisades. Du fait de ces événements, la communauté copte devint minoritaire. Toutefois, l’arrivée de Méhémet-Ali en 1811 marque un tournant. En effet, à partir de ce moment, les Coptes participent pleinement au mouvement de réforme qui anime alors l’Egypte, et deviennent des acteurs majeurs de la modernisation législative, technique et industrielle. A partir de là, ils connaissent un véritable épanouissement social. Ceci mène à une réforme religieuse, entamée dès le pontificat de Cyrille IV, et qui aboutit en 1910 à l’ouverture du Musée copte du Caire, puis à l’établissement de l’Institut des hautes études coptes en 1954.

L’entre-deux guerre a été marqué par l’émergence d’un nationalisme fort, qui a poussé Chrétiens et Musulmans à s’unir contre le protectorat anglais. Ceci conduit à la création du parti « Wafd », au sein duquel les coptes étaient fortement engagés. Ce fut le cas de Wacyf Boutrous Ghali, ou encore de Makram Ebeid, qui fut plusieurs fois délégué aux négociations avec les Anglais, ministre des Finances et un des dirigeants les plus distingués du Wafd.

Toutefois, Anouar el-Sadate, après son arrivée au pouvoir, a permis certaines libertés aux islamistes et en relâcha des prisons. C’est ainsi que dès les années 1970, des groupes islamistes s’en prirent à la communauté copte. Jusqu’à aujourd’hui, les Coptes sont la cible d’attaques de la part des groupes radicaux. L’attentat du 11 décembre 2016 à côté de la cathédrale au Caire en est l’un des exemples les plus marquants.

--

--

Pôle MaghrebMoyenOrient - SciencesPo Saint-Germain

Pôle Maghreb - Moyen-Orient de l'Institut d'Etudes Politiques de Saint-Germain-En-Laye